Lundi 21 octobre 2019, l’IMOCA Fortil est victime d’un incendie dans le bassin Paul Vatine au Havre Mercredi 18 décembre 2019, Louis Duc, à bord de son Class40 déclenche sa balise de détresse au large des Açores. Sain et sauf il perd néanmoins son Class40 Crosscall (ex Carac).
Deux ans plus tard, après avoir racheté le bateau de Fortil gravement endommagé, Louis Duc prend le départ de la transat Jacques Vabre en la classe IMOCA. Première étape de son rêve de Vendée Globe 2024 après un travail de remise à niveau acharné, il nous a raconté son aventure.
Bruits de Pontons : Peux tu revenir sur ton naufrage ?
Louis Duc : « Nous avions pris le départ de la Jacques Vabre 2019 avec mon Class40 Crosscall que j’avais conçu en 2017 avec Carac. Nous avions un petit budget pour cette course et donc décidé de ramener le bateau par la mer pour éviter un rapatriement couteux par cargo depuis Salvador de Bahia.
La personne qui devait convoyer le bateau s’est blessée et j’ai été contraint de le ramener. C’était imprévu. Nous avons donc pris du retard pour la saison et en arrivant au nord de l’anticyclone des Açores, il y avait des flux dépressionnaires actifs, extrêmement violents et nous avons eu une avarie de voile qui nous a contraint à naviguer au portant peu rapide, donc sujet à la mer. Une vague un peu plus forte que les autres a retourné le bateau. Il s’est redressé avec une importante voie d’eau.
Nous nous sommes retrouvés en fortune de mer, en attente pendant une douzaine d’heures sur le pont du bateau à moitié coulé en espérant des secours après avoir déclenché la balise de détresse. Par la suite, nous avons pu été hélitreuillé grâce à la marine Portugaise à la tombée de la nuit. Certes nous avons perdu le bateau mais nous étions sains et saufs avec Thomas Servignat qui m’accompagnait et l’histoire s’est donc bien terminée. »
Bruits de Pontons : Comment as-tu reconstruit la suite ? Quel était ton implication technique ?
Louis Duc : « Pour la construction de mon Class40, j’avais missionné des architectes, des constructeurs et participé au développement du bateau. J’avais choisi chaque personne participant à la construction, ce projet me tenait aux tripes.
Notre approche était plutôt bonne, nous avions ensuite loué les moules à Yoann Richomme, nous avons tous apportés quelques correctifs notamment sur l’assiette et Yoann a construit et gagné la Route du Rhum avec un bateau abouti identique au mien.
Nous avons étudié les devis de réparation qui étaient très élevés pour deux raisons : d’une part la gestion du risque et d’autre part le respect de la méthode de construction d’origine. En faisant différemment par nous-même, le coût final a été pratiquement divisé par quatre. Par exemple le Nomex® qui ressemble à du nid d’abeille a été remplacé par de la mousse. Nous avons certes perdu 200 à 300 grammes par m2, soit cinquante kilos environ, mais gagné soixante kilos par notre travail de développement. Un maximum de choses a été sauvé, même des cloisons brulées étaient récupérables en partie, ainsi que la partie basse de la zone de quille par exemple. Il fallait cependant accepter d’y consacrer un temps de travail énorme.»
Bruits de Pontons : Qu’est-ce que tu en retires sur un plan personnel ?
Louis Duc : « Je suis attaché à la construction, certes pas architecte mais ingénieux et j’ai construit mon expertise au fil de l’eau. Ce genre de défi me passionne, ce que nous avons fait c’est ce qui m’éclate le plus, c’est ma fibre de prendre un bateau en vrac et de le remettre à un bon niveau. C’est vraiment mon truc. Et la preuve, nous nous sommes battus contre personne »
Bruits de Pontons : Quelle est ton ambition avec ce bateau pour cette Transat ?
Louis Duc : « Nous sommes en mode découverte avant le Vendée Globe, c’est une victoire d’être au départ, cela n’était pas écrit. Maintenant nous allons voir ce que nous pouvons faire avec les autres bateaux autour de nous. A la fin de la course nous aurons appris plein de trucs avec une liste de modifications énormes. Nous abordons la course de façon très humble pour être le plus performant possible plus tard. »