Depuis le report du départ de la route du rhum prévu initialement dimanche 6 Novembre, Bruits de Pontons a pu s’entretenir au téléphone avec Martin le Pape ancien skipper MACIF qui va s’élancer en Class 40 pour sa première transatlantique en solitaire.
L’occasion d’évoquer son parcours, sa gestion de l’attente et une future chasse au sponsor qui a presque déjà commencée : kaléidoscope d’émotions.
Bruits de Ponton : Comment organises-tu ton activité pendant ce temps de report du départ ?
Martin Le Pape : «Je suis à Saint-Malo dans mon appartement . Pour être franc, je commence à tourner en rond et j’ai déjà fait plusieurs footings. Il n’y avait plus rien à faire sur le bateau, il fallait cependant revoir l’ensemble des schéma météo avec le pole Finistère course au large. Nous nous réorganisons, les partenaires vont revenir pour le départ mais ils n’ont pas changé leur billet d’avion pour l’arrivée. D’ailleurs le routage n’est pas loin d’être deux jours plus rapide !»
Bruits de Ponton : « Alors que se profile pour toi une nouvelle recherche de sponsor, peux-tu revenir sur tes années MACIF? »
Martin Le Pape : «J’ai passé des années extraordinaires en tant que skipper MACIF. Pour la première fois j’avais tout ce qui fallait pour performer, un préparateur physique, très peu de questions budgétaires à gérer. J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans, la première année les résultats sont souvent en dedans par rapport à l’année précédente. Il faut comprendre que la filière MACIF permet non pas de faire émerger des talents mais plutôt de donner un coup de pouce à des marins qui se font déjà remarquer sur le circuit.
Je me suis fait à l’exercice, à l’équipe, pour faire des podiums et gagner des courses la dernière année. La fin est un peu brutale , je l’avais déjà remarqué pour les autres. C’est assez compliqué car ils ont assez peu de contacts réseau avec d’autres sociétés pouvant être des sponsors potentiels. Je suis sorti un peu seul et j’ai du tout reconstruire avec les partenaires initiaux. Cela fait partie aussi du jeu.
Mon rêve était d’enchainer Figaro IMOCA ,mon rêve est toujours de participer au Vendée Globe c’est d’ailleurs plus un objectif qu’un rêve. A l’issue de la filière Figaro, je pensais vraiment pouvoir basculer mais cela n’a pas été possible. Je suis donc reparti pour deux ans de Figaro et l’an dernier j’ai décidé de mobiliser mes partenaires pour partir sur un projet d’envergure en Class40 qui est l’entre deux parfait.
La voile a évolué, il n’y a plus d’antichambre, certains accèdent à l’IMOCA sans passer par le Figaro. Il n’y a plus de règle et on assiste à un changement de modèle : il faut savoir se vendre et mobiliser même sans avoir un niveau extraordinaire. Le bateau ne m’appartient pas et je le rends à l’issue de la Route du Rhum. Il faudra réunir mes partenaires après. En parallèle j’ai aussi un projet de construction d’un IMOCA neuf sans foil en trouvant un sponsor d’ici la fin de l’année . »
Bruits de Ponton : Est-ce que cela te met la pression ? quelle est ton ambition pour cette course?
Martin Le Pape : « Cela met une pression sportive forcément. Si j’arrive à faire un résultat, cela plus facile de vendre un projet IMOCA . Cinquième je serai content, au-delà déçu, et très heureux de faire un podium . Rien ne peut m’empêcher de gagner mais la concurrence est très solide et je n’ai jamais remporté de course majeure type Solitaire, AG2R, Jacques Vabres, …
Dans la formulation d’un objectif je ne peux pas dire que vais gagner la Route du Rhum sans paraitre prétentieux même si j’ai tous les atouts pour le faire. La deuxième place sur la Malouine Cup a permis de tout mettre en place et valide le travail fait sur le bateau. Avec une mise à l’eau fin mai , un safran arraché ensuite sur la Drheam Cup nous étions vraiment contraints en termes de planning.
En termes de performance je pense que j’ai un déficit de vitesse au près et au reaching surtout par rapport aux nouveaux bateaux lift. C’est néanmoins un bon bateau de portant solide structurellement. En début de course je serai peut-être en retard mis les allures portantes vont arriver rapidement.
Je pense qu’il faut être capable de se rendre compte qu’être au départ de la Route du Rhum est une chance , c’est un défi extraordinaire . Qui est double pour moi : c’est ma première traversée de l’atlantique en solitaire et j’ai l’objectif de résultat car c’est un gage de réussite pour ma carrière.
J’ai à la fois la satisfaction d’être là, l’excitation de partir et une envie énorme de bien faire. »