
La remise des prix du Vendée Globe début mai 2025 aux Sables est venu clore le magnifique 10ième chapitre de l’Everest des Mers. Que retenir de cette édition ? Bruits de Pontons a interrogé deux « finishers » sur leur ressenti d’après course et la suite car la planète IMOCA ne s’arrête jamais, la saison 2025 va battre son plein dès le mois de juin.
Marquée en particulier par le retour du public après une édition confinée, un record de temps de parcours largement battu (9 jours en moins) par le vainqueur Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) et aussi une forte fiabilité : fini les démâtages après deux jours de course, 80% des concurrents au départ ont terminé leur parcours autour du monde classés.
1,3 million de visiteurs se sont rendus au village départ. Parmi les chiffres de retombées, le plus impressionnant est sans doute les 9,2 milliards d’impressions sur l’ensemble des Réseaux Sociaux dans le monde entier. Cela correspond d’ailleurs à une volonté de la Direction de course de rajeunissement, d’inclusivité tout en conservant l’ADN originel. Ambassadrice emblématique de la jeunesse, l’hyperconnectée Violette Dorange, benjamine de l’édition (23 ans) a illuminé cette édition. Pas de problème de récupération : elle a bouclé le semi-marathon d’Annecy en moins de deux heures un peu plus de deux mois après son arrivée !
Pour d’autres le retour à la vie a été plus progressif, Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement) témoigne :
« Après avoir ramené le bateau le chantier je me suis un peu écroulé et je suis en train de revenir petit à petit à la vie normale : avec les problèmes d’impôt, d’amendes à payer de voiture à réparer de maison à remettre en route ; on est beaucoup sollicités par les écoles les media et les partenaires. J’ai la tête en friche. Je prends les dossiers les uns après les autres, cela se fait naturellement et doucement. Coté physique c’est plus de la fatigue qu’autre chose, des vacances à prendre de temps de temps. Coté sommeil mon état de fatigue ne date pas du Vendée proprement dit mais des quatre années de préparation. Avec le contrecoup du projet qui se termine, mon corps te dit calme-toi et donc je revis tranquillement ».
Une aventure extraordinaire, un rêve de gamin
Cette première participation, Louis Duc l’a tellement voulue ! Allant jusqu’à investir dans un bateau que beaucoup qualifiaient d’épave après l’incendie survenu à bord avant qu’il ne le rachète et monte son projet. Retour sur sa course :
« On a tellement lu de livres avant, suivi les Vendée des autres au fur et à mesure. On a l’impression de l’avoir fait sans l’avoir fait. La longueur du truc est impressionnante, une fois le cap Horn franchi, on pense que c’est quasiment terminé et à terre on nous pousse à cela. Mais la suite est un peu longue. J’ai presque trouvé l’Atlantique plus dur que les mers du Sud et j’ai plus souffert de la chaleur que du froid. En résumé c’est une aventure extraordinaire, un rêve de gamin qui se réalise pour beaucoup d’entre nous et être au départ est une chance.
Cela demande beaucoup d’engagement pour y aller. Nous mettons nos tripes sur le billot quel que soit le projet et il faut surtout ne pas se mettre dans la panade financièrement et sportivement. Avec le parcours imposé de qualification, les bateaux novices sont arrivés avec un état de préparation plus avancé, nous avons eu beaucoup moins d’abandons. La monotypie des nouveaux mâts et l’évolution de la jauge qui impose un contrôle annuel quelle que soit la génération permettent de détecter les problèmes avant la course. Même si cela est contraignant et coute un peu d’argent, cela permet de bien contrôler les bateaux».
A l’exception d’Isabelle Joschke qui arrête la course au large, la plupart des marins engagés en 2024 n’ont envie que d’une chose : repartir pour l’édition suivante du Vendée Globe en 2028. Louis Duc n’échappe pas à la règle. : « C’est l’Objectif ! Mon bateau est mis en vente, j’espère pour voir le refaire avec des foils mais la marche pour avoir un foiler est assez haute ».
Aller de plus en plus vite et de plus en plus haut
Romain Attanasio (Fortinet – Best Western) 14ième, a quant à lui souffert lors de cette édition, sa deuxième personnelle :
« J’ai encore mal à l’épaule, à la jambe et je suis usé psychologiquement : j’ai du mal à me concentrer. L’âge n’aide pas, je le vis moins bien. J’avais souffert de solitude sur les 110 jours de premier Vendée, j’avais trouvé cela long. Là j’ai trouvé cela beaucoup plus dur physiquement sur ces 84 jours. Pendant mon premier j’arrivais à sortir regarder la mer. Maintenant nous sommes ceinturés sur un siège et cela va beaucoup plus vite ». Romain Attanasio reste partagé sur les plans porteurs :
« Nos bateaux sont extraordinaires la sensation de vol sur une mer pas trop forte est fabuleuse mais sur le Vendée cela nous défonce. Faire une transat avec les foilers c’est génial mais le Vendée on ferait mieux de la faire avec un bateau à dérives. Je sais que cela ne sert plus à rien de tenir ce discours d’ancien. Nous ne ferons qu’aller de plus en plus vite et de plus en plus haut ».
Il réfléchit à modifier son bateau actuel ou en acheter un autre de la génération 2020 et se trouve dans l’attente du retour de ses partenaires Best Western et Fortinet. Penser au futur tout en restant concentré sur le court terme qui va arriver très vite : Romain sera au départ de la Transat Café L’OR (anciennement Jacques Vabres) en novembre, course qui marquera la fin du cycle actuel d’investissement de ses partenaires.
Place aux nouvelles aventures
La fin du Vendée Globe marque déjà pour d’autres marins le terme de leur contrat, la chasse aux sponsors est déjà commencée pour Maxime Sorel par exemple. En parallèle le mercato des bateaux achetés, revendus bat son plein. Même si le montage des projets est un peu plus difficile en raison du contexte économique, le succès, l’exposition rencontrée par le Vendée Globe renforcera sans nul doute l‘attractivité de la course au large.
Cette magnifique édition va maintenant laisser la place à de nouvelles aventures marines.
Où et quand revoir les IMOCA en 2025
Juin : Course des Caps – Boulogne sur Mer – Banque Populaire du Nord
Juillet : Rolex Fastnet Race, de Cowes (Ile de Wight, UK) à Cherbourg (Cotentin, France)
Août : The Ocean Race Europe, départ de Kiel jusqu’à Boka Bay Montenegro via Portsmouth, Carthagène, Nice et Gênes.
Septembre : Défi Azimut-Lorient Agglomération
Novembre : Transat Café L’Or (anciennement Jacques-Vabres) départ le 26/10 du Havre.