Les 40 skippers engagés sur le Vendée Globe ont pris le départ ce dimanche à 13H03 avec une météo clémente. Les skippers remplaçant sont eux restés à quai. Celui de Yoann Richomme, Yann Eliés membre du team Paprec Arkéa, avait également décrypté la météorologie du départ et anticipé les prochaines 48h. Il peut encore remplacer Yoann pendant dix jours en cas de pépin et de retour au Sables d’Olonne du bateau et incapacité du skipper à repartir.
Il n’y a pas eu de surprise par rapport au briefing skipper de l’avant-veille du départ : mou avec 4 nœuds de vent. Spi sorti si présent dans le choix de voile, skippers à la barre en mode régate pour lancer les bateaux
« C’est une météo vraiment tranquille, l’ambiance est sereine sur les pontons. Les premières heures de course ne seront pas déterminantes cela apporte de la sérénité sur les pontons. La première nuit tout le monde pourra dormir sans avoir le mal de mer, sans avoir un passage de front avec 35 nœuds dans une mer démontée » avait anticipé Yann Eliés.
Pour le début de course, « Les bateaux à dérives seront probablement devant les foils après cette première nuit, cela sera l’occasion pour eux de briller et d’être aux avant-postes et ce jusqu’au cap Finistère où les bateaux à foils devraient s’envoler et prendre le large. Après la météo est claire sur deux jours pas beaucoup plus » estime le marin.
Depuis le début du projet sa mission était d’être le référent pour aider l’équipe à prendre le bateau en main en un minimum de temps. Partager son expérience de conduite de ces bateaux et veiller à ce qui est mis en place reste dans ce qu’il estimait être correct. Coté météorologie il a travaillé avec Corentin Douguet au sein d’une cellule dédiée. Ainsi une analyse précise des premiers jours de course a été construite heure par heure : le but était de donner à Johann Richomme des points de passage « Waypoints » pour empanner, lui décrire l’enchaînement des manœuvres et des voiles à utiliser, définir le bon timing pour matosser sur les premières 48h. Ensuite c’est le cap Finistère qui sera à négocier par les marins pour le contourner et filer vers le Sud sur un grand bord bâbord amure.
« Il s’agit de détails mais cela rassure Johan d’avoir cet échange préparatoire avec quelqu’un qui connait les IMOCA. Sur ces bateaux, ce qui est important c’est d’anticiper de ne jamais être pris en défaut. Nous avons beaucoup parlé du Cap Finisterre. Il va y avoir de la mer, du vent fort, une DST (Dispositif de Séparation de Trafic, zone de cargo interdite NdlR). Est ce que l’on passe à l’intérieur, à l’extérieur ? Quelle prise de risque veut-on prendre 36 h après le départ ? foncer tout droit ou contourner large ? Ensuite d’un point de vue stratégique, il faudra lui parler des outils à mettre en place pour faire seul une bonne stratégie jusqu’à l’équateur » décrit Yann.
Il faut en effet pour chacun être vigilant, éviter l’effet de passage à niveau. Pour celui qui se fait décrocher, cela se multiplie ensuite par 10, par 20. Yann Elies ne perçoit pas ce type de situation en début de course mais tous les favoris savent qu’il ne faut rater l’arrivée au cap de Bonne-Espérance. Il y a là-bas un train de dépressions qui passe, il faut sauter dedans sous peine de perdre beaucoup.
Sur certain modèle météorologique la saison de cyclones favorisant l’émergence de petites dépressions tropicales n’est pas terminée. Ceci est lié aux eaux anormalement chaudes en Atlantique et fait partie du changement climatique et cela est mal modélisé. Selon Yann Elies « Il faudra être vigilant mais la probabilité est faible. »
les routages sont interdits sur le Vendée Globe, l’assistance technique est quant à elle autorisée. Ensuite, outre son rôle de réfèrent expérimenté, Yann Eliés a un autre titre officiel bien particulier : celui de « skipper remplaçant ».
Le skipper engagé peut réglementairement se faire remplacer jusqu’à 10 jours après le départ à la suite d’une escale technique ou médicale aux Sables d’Olonne. Si le Vendée Globe se dispute en solitaire sans assistance et sans escale, il reste une opportunité pour chacun de revenir au port de départ, réparer, régler tout type de problème. La seule obligation est de recouper la ligne départ dans les dix jours.
« Je suis sensé pouvoir remplacer Yoann encore pendant dix jours. Mon sac n’est même pas prêt. J’essaie de me projeter un peu, cela ne me fait pas plus peur que cela mais en même temps je ne connais pas aussi bien le bateau que Yohann. . J’avoue que sur le moment cela ne m’enchanterai pas pour Yohann comme pour moi mais je suis capable » estime le skipper remplaçant.
Bruits de Pontons souhaite bon vent aux engagés de ce Dixième Everest de la mer et qu’aucun « remplaçant ne soit (r)appelé !