Inédit : Un duo de vainqueurs au départ de la Transat Jacques Vabre sur le Class40 Crédit Mutuel !
Après une belle série de victoires, Ian Lipinski vainqueur de la Transat Jacques Vabre en 2019, favori en 2021, a vécu une période marquée par des fortunes de mer. Résilient, il embarque avec lui ni plus ni moins qu’Antoine Carpentier tenant du titre en Class 40 avec une envie de gagner intacte. C’est potentiellement encore plus dur pour cette édition avec son bateau qui cumule maintenant les années tant la concurrence est rude et professionnelle. Mais au-delà de cette Transat, la confiance renouvelée de son sponsor engagé dans la construction d’un nouveau bateau lui offre un avenir promoteur. Tour d’horizon sincère avec un skipper emblématique de la Class40.
Comment as-tu vécu ta dernière Transat Jacques Vabres et la route du Rhum qui a suivi, objectif phare de l’engagement initial de Crédit Mutuel ?
Ian Lipinski : « Le résultat était très moyen je ne me souviens même plus de la place finale. Avant la collision avec un objet flottant alors que nous pouvions encore dans les cinq premiers, la phase de descente vers le cap vert était top. Auparavant nous étions en tête en sortie du Raz de Sein et nous avons décalé vers l’est dans la baie d’Audierne. Nous avons perdu 60 Milles dans la nuit, c’était terminé pour la gagne. C’était une erreur difficile à anticiper, Antoine qui gagne la course avait fait – dans une moindre mesure – la même. Nous nous sommes attirés à trois, quatre bateaux avec l’excitation d’être en tête. Nous nous sommes fait piéger.
Pour la route du Rhum qui était l’objectif majeur du cycle de quatre ans, je prends un très bon départ. Ensuite un problème technique avec une voile bloquée qui battait au vent m’a obligé à partir vers le sud avant de subir une nouvelle collision. J’ai eu l’impression que le sort s’acharnait sur moi. C’est dur, il faut accepter de revoir ses objectifs après la phase d’action de réparation. Après cette première phase, c’est lancinant, on repense sans cesse à l’avarie. Il faut se remettre des objectifs intermédiaires sans se bercer d’illusions. Et ensuite rebelote, collision et il reste une semaine à voir les autres passer devant. Cela reste néanmoins de beaux moments en mer, ces souffrances endurées ne sont rien du tout même si c’est dur à vivre sur le moment. Simplement le fait d’être focus sur la performance m’empêche sur le moment de relativiser en mer. A terre avec la famille, les amis cela s’évacue rapidement ».
Qu’en est-il de ta motivation ? Est qu’il t’arrive de douter ?
Ian Lipinski : « Il m’est arrivé en Mini, au début surtout, de me demander parfois ce que je faisais là car il n’y avait pas le coté professionnel. En Class 40 je suis parfaitement conscient de la chance que j’ai et à chaque départ j’ai envie de gagner sans prétention aucune, quitte à réadapter si les circonstances ne sont pas favorables. Mon bateau est encore performant même s’il y a beaucoup de bateaux neufs, de nouveaux plans. La vitesse intrinsèque du bateau est toujours bonne, nous avons gagné le défi Atlantique avec Antoine et il toujours possible d’être devant »
Comment s’est constitué votre duo avec Antoine Carpentier ?
Ian Lipinski : Nous avons beaucoup bataillé sur l’eau et au départ de la Route du Rhum il est toujours aux avant-postes. Le trophée Mer Montagne nous a fait mieux nous connaitre. Je cherchais quelqu’un de disponible à l’année avec de la continuité sur la saison pour prendre des automatismes, avoir ce confort. Même si on prend des marins performants, compétents, il y a toujours une phase d’adaptation. Antoine avait terminé son projet et avec ses résultats, son CV, c’était un excellent choix. Et il veut gagner comme moi. Antoine a beaucoup d’énergie c’est important car nos bateaux sont physiques L’entente a été parfaite avec une vraie connivence, et il a beaucoup plus d’expérience. Cela est très tranquillisant pour moi qui peut parfois monter en pression. En fait, j’ai toujours l’impression d’être le petit nouveau. Ce plus d’expérience me tranquillise.
Je voudrais évoquer aussi le report de la Route du Rhum (en raison d’une météo trop défavorable NDLR) , nous avions parlé de cette situation ensemble, nous n’avions pas du tout la vision du départ coûte que coûte. Je ne parle plus de performance mais de sécurité et de façon de voir la mer. Ce point a pesé lourd dans ma décision d’appeler Antoine pour lui proposer de naviguer ensemble. »
C’était important pour toi sur le moment de faire preuve de responsabilité ?
Ian Lipinski : « Tout à fait, nous ne sommes pas là pour faire n’importe quoi, je ne suis pas intéressé par les jeux du cirque en fonçant dans le mur, jouer à la roulette russe peu importe le qualificatif, les outils que l’on nous donne ne doivent servir que pour faire de belles aventures. Nous ne serons jamais plus fort que la mer, les vagues ou les cailloux. »
Crédit Mutuel Alliance Fédérale prolonge son engagement avec toi jusqu’à la Route du Rhum avec un bateau neuf. Quel a été le travail sur le bateau actuel ? Que peux-tu partager sur le prochain ?
Ian Lipinski : « Hormis la gestion de problèmes structurels de quille, un travail sur le jeu de voile, il n’y a pas eu de grosse modification. Le travail porte essentiellement sur le nouveau bateau qui sera lancé en mars 2024 environ. Il s’agira d’une évolution de l’actuel bateau dessinée par le même architecte David Raison qui introduit le concept de scow (carène large à l’avant / étrave ronde). Donc pas de révolution, pas de rupture, il s’agit d’ajustements. Quelques innovations incrémentales sont prévues, nous irons plus loin dans les détails et souhaitons être plus fin dans le concept. Prolonger l’aventure et jeter les bases d’un nouveau bateau est une nouvelle étape décisive pour moi et l’occasion de renforcer notre équipe.
C’est une base solide sur laquelle je peux construire sereinement mes engagements à venir comme la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2026 »
- Publié dans CLASS40, Transat Jacques Vabre