Il est le tenant du titre en Class40 avec un bateau mis à l’eau deux mois avant le départ de 2019. Il a déjà réalisé le doublé en Mini, il sera forcément attendu pour une deuxième victoire lors de cette Transat Jacques Vabre qui s’élancera du Havre le 7 novembre, conscient que cela sera encore plus dur que la première fois tant la concurrence est rude. Rencontre avec Ian Lipinski qui reste serein sur son Class40 Crédit Mutuel.
Bruits de Ponton : Quel est ton état d’esprit à une semaine du départ?
Ian Lipinski : «Le trac monte un peu, on commence à regarder la météo même si cela ne veut pas dire grand-chose. Notre bateau est fiabilisé et il y a une forme de sérénité par rapport à 2019 car nous ne connaissions pas le bateau. Cependant il apportait un vrai plus en termes de performance et sportivement cela va être plus compliqué cette année car ces bateaux nouvelle génération à étrave volumineuse de type scow se sont répandus ».
Bruits de Ponton : Peux-tu revenir sur ton succès lors de l’édition précédente ? Comment vas-tu naviguer sur celle-ci ?
Ian Lipinski : « Cette victoire s’est construite dès le départ en partant avec mon architecte de Mini (Ndlr David Raison) qui n’avait jamais construit un Class40 , en trouvant le bon chantier, en essayant d’être à la hauteur de la confiance incroyable de mon partenaire Crédit Mutuel, en sortant le bateau dans les temps. Ensuite sur l’eau, nous avions réussi à apprivoiser ce bateau rapidement et l’option de la première nuit nous avait été très favorable. Enfin nous avions eu le minimum de réussite nécessaire avec zéro problème technique. Mais encore une fois, la gestion de projet est capitale et indissociable de la performance sportive.
Je vais aussi essayer de naviguer comme d’habitude, comme je sais le faire, à mon niveau quel que soit le résultat, sans avoir fait d’erreur et donc sans regrets à l’arrivée. Nous avons une chance incroyable d’être ici et pour moi, la performance passe aussi par le plaisir. Bien sur la partie tactique est importante, une quinzaine de bateaux peuvent gagner sans que l’un d’entre eux ressorte du lot à mon sens. Ma deuxième victoire en Mini s’est appuyée sur un bateau extrêmement performant, je n’ai plus cet avantage sur les autres et cela va être très dur.
Bruits de Ponton : Qu’as-tu fait avec ton team pour optimiser le bateau ?
Ian Lipinski : « Nous n’étions ni au poids minimum et ni au redressement maximum de la jauge. Nous avons donc changé le gréement et le mat pour gagner des kilo au-dessus du centre de gravité. Nous avons aussi reculé les ballasts de deux mètres, l’inclinaison du mât vers l’arrière a été modifiée et nous avons beaucoup développé notre pilote pour suivre l’évolution de la jauge. »
Bruits de Ponton : Peux-tu nous parler de ton coéquipier Julien Pulvé ?
Ian Lipinski : « Nous nous sommes connus via une mini Transat intense avec une traversée de l’Atlantique bord à bord . Nous échangions en VHF et cela nous a rapproché. Nous avons recouru en Mini ensemble et nous avons également terminé deuxième sur la Normandie Chane Race, à seulement six minutes du premier. Ayant débuté très jeune, Julien a un passé de régatier que je n’ai pas et il apporte son bagage technique. Cela va aider à prendre des bonnes décisions et bien faire marcher le bateau pour atteindre nos objectif ».