Agé de 33 ans le Morbihannais Axel Trehin a pris le départ de la transat Jacques Vabre sur son Class40 lancé cette année, sistership du Crédit Mutuel de Ian Lipinski précédent vainqueur de la course.
D’un profil très technique, il est aussi engagé que travailleur acharné. Découverte d’un marin représentatif de sa génération.
Bruits de Pontons : Quel a été ton parcours ?
Axel Trehin : « J’ai débuté la voile vers onze ans, j’ai une formation technique Bac + 2 construction navale généraliste et ensuite une licence spécifique sur la mise en œuvre des matériaux composites fibre et résine. J’ai toujours eu une forte implication d’abord en reconstruction puis en construction de mes bateaux. J’ai retapé deux épaves.
Cette expérience me donne une vision globale sur l’ensemble des systèmes tant en phase de conception que d’exploitation à bord, notamment pour que cela tienne dans la durée. C’est clairement un différenciateur par rapport aux autres, j’ai commencé mon projet actuel non pas en mettant un ciré mais en enfilant un pantalon de chantier !»
Bruits de Pontons : Comment vis-tu ce passage en Class 40 après dix ans de Mini ?
Axel Trehin : « Je me revois la veille du départ de ma première Mini Transat, je n’en menais pas large. Lors de la troisième en 2019 j’étais dans ma zone de confort. Pour cette Jacques Vabre, je découvre quelque chose de nouveau, une transat sans escale avec un bateau plus grand. Être en double me tranquillise et la vitesse du bateau ramène la durée de course à une grosse étape de Mini.
Rien ne m’inquiète techniquement et je suis détendu. Ensuite les bateaux sont très surs et je considère même que les Class40 sont sous-toilés. Ils sont certes impressionnants avec une belle surface de voile mais rajouter trois mètres de mât ne me choquerait pas. Et le Mini c’est comme en karting à 50km/h, cela donne une impression de vitesse équivalente à un SUV qui roule à 130 km/h !»
Bruits de Pontons : Comment s’est construit et déroulé ton projet ?
Axel Trehin : « Avec mes partenaires, nous avons construit le sistership de Crédit Mutuel en s’inspirant de qui a été fait et en essayant de faire mieux. Dans l’absolu celui qui a le dernier bateau a probablement le plus d’atouts sur le papier mais la connaissance et la fiabilisation jouent énormément. Certains concurrents ont mis à l’eau cet été, voire il y a peine un mois et leur niveau de préparation n’est pas le même que le nôtre.
Personnellement j’ai toujours aimé travailler sur l’eau et sur le chantier et je considère que le travail paye dans la durée. Après la mise à l’eau de janvier et les navigations de février et mars, nous étions prêts à mettre le feu au plan d’eau au début des entrainements d’avril à Lorient. C’était le timing idéal. Sportivement c’était un super début de gagner la Normandy Channel Race en juin, il y a eu ensuite un stop avec la rupture d’étai sur la Rolex Fasnet Race. Nous avons mis à profit cet arrêt estival forcé pour faire des optimisations prévues initialement l’hiver prochain».
Bruits de Pontons : La visibilité de sponsor titre est donnée à l’association Project Rescue Ocean. De quoi s’agit-il précisément ?
Axel Trehin : « J’ai constaté dès ma première Mini la dégradation de nos océans par les déchets plastique, j’étais choqué lorsque je l’ai vue de mes propres yeux.
Je me suis donc tourné naturellement vers Rescue Ocean qui agit sur trois axes : Informer les plus jeunes , ensuite mettre en place des opérations concrètes de ramassage de déchets sur les plages, de dépollution pour sensibiliser et faire évoluer les modes de consommation.
Le dernier axe est la valorisation des déchets ramassés, éviter qu’ils soient une source de carbone à la suite de leur incinération. L’association est basée dans le sud de la France et s’est élargie au-delà de la méditerranée, dans les DOM-TOM et le rayonnement est aujourd’hui international.
Nous voulions partager différemment notre projet. C’est de l’aventure, c’est un sport mécanique avec une approche technique et apporter une dimension sociétale permet de mettre en avant des valeurs qui me sont chères. Il y a aussi un aspect fédérateur des collaborateurs des autres partenaires qui sont tous impliqués et se sentent donc partie prenante».
Bruits de Pontons : Quelle est ton ambition pour cette course et au-delà ?
Axel Trehin : « Mon ambition est de gagner. Après la concurrence est présente. La connaissance du bateau la capacité a bien le mener sur le bon angle avec la voilure, la trajectoire et l’intensité que chacun mettra feront la différence. Pour la suite, mon projet inclut la Route du Rhum 2022, cela va venir assez vite et il faudra se préparer rapidement.
En 2023 il y aura une nouvelle Jacques Vabre et The race Around, autour du monde en étape avec le parcours le plus proche du Vendée Globe et d’ Around Alone. Ce parcours me faisait rêver plus jeune avec une passion d’enfant. Enfin je suis fasciné par la dimension humaine du trophée Jules vernes avec l’aspect équipage à fédérer tout autour du monde. J’aime aussi régater, naviguer au large avec des concurrents, tout m’intéresse dans la voile hormis les JO simplement parce que c’est trop tard pour moi. Sinon je ne ferme aucune porte, je suis encore très jeune».